Questions subsidiaires (facultatif mais on apprécie les réponses)
Quelles sont vos attentes au sein de notre cabale ? Convivialité, maturité, entraide.
Que pensez-vous pouvoir apporter à l'Ordo Vindicäre ? Toujours prêt à rendre service.
Envisagez-vous de faire de l'artisanat ? Ne sais pas encore.
Étiez-vous dans une cabale avant de postuler parmi nous ? Non.
Quelle(s) qualité(s) et quel(s) défaut(s) vous caractérise le mieux ? Les + : passion, fiabilité, adaptabilité ; les - : ours mal léché à ses heures, humour vaseux, boulet en pvp
Quelle est la devise de l'Agent d'Accueil ? « Mis à jour le 25 juin 2012. » A non merrd c'est pas ça... « Discipline, Tradition et Loyauté » Hop là !
Avez-vous quelque chose à rajouter ? Oui, un +.
Présentation de Gaelle Kurkheim
Le vent soufflait fort sur la Manche. Les lames étaient grosses et avaient de longues crêtes en panache, elles déferlaient en rouleaux intenses et brutaux. Par endroit, la mer était recouverte de bancs d’écume blanche. Et comme s’il n’y avait pas assez d’eau, une pluie battante rendait la nuit encore plus noire.
Pourtant, comme perdu au milieu des eaux et ballotté au gré des vagues, un car-ferry de Brittany Ferries tentait vainement de traverser la zone chahutée. D’abord soulevé, il se retrouvait projeté en l’air depuis le sommet de la lame, celle-ci se fendait et replongeait dans la mer. Tangage et roulis secouaient le navire dans tous les sens ; il semblait se briser à chaque seconde.
Le MV Bretagne avait une entrave très trapue avec ses neuf ponts sur cent cinquante trois mètres de long. Sa poupe se terminait par une large plate-forme extérieure, dont le plancher était peinturluré d'un gigantesque 'H' cerclé. Son unique cheminée laissait s'échapper une épaisse fumée sombre.
Une lame submergea le flanc droit du bateau et s’engouffra sur les ponts inférieurs par quelques écoutilles mal verrouillées. Accrochée au bastingage d'un pont extérieur, une jeune femme faisait face, avec le navire, à la mauvaise humeur de la mer.
Gaelle n’avait rien de comparable aux jeunes femmes de son âge. Elle n’avait pas de longue chevelure en queue de cheval ou de permanente démodée ; ses cheveux blonds ramassés en mèches courtes partaient en tout sens telle une cascade indomptée par cent coups de peigne. Ses yeux admirables étaient de petites billes d’un brun sombre et soutenu.
De son regard se dégageaient une force, une vivacité et une souplesse inépuisable. Elle avait la gaieté d’une enfant et la beauté farouche d’une femme en devenir. On sentait en elle comme un refus de cette féminité prématurée et le désir d’exprimer une virilité androgyne. Elle était comme la gardienne d’un paradis troublé, comme un ange perdu devant la fournaise ; c’était une amazone.
Gaelle s’assit sur le pont humide et rampa pour s’adosser à une des rambardes. Ses traits étaient ternis par le temps pluvieux, et les mouvements incessants du bateau. Son visage avait un air maussade dont ressortait toute l’atonie de son corps. Elle était emmitouflée dans un épais manteau trempée. Un jean bleu usé couvrait ses jambes et tombait sur des souliers souples en cuir épais.
Gaelle était une jeune femme n’ayant pas encore franchi la porte de l’âge adulte. Elle avait toujours voulu fuir son enfance protégée et conquérir son indépendance. Elle avait toujours voulu partir et voler de ses propres ailes. Mais aujourd'hui que l'inconnu lui faisait face, elle redoutait plus que tout ce qui pouvait lui arriver une fois arrivée sur la terre ferme.
Une nouvelle bourrasque souleva le navire et une nouvelle vague s’abattit sur le pont. La jeune femme s’était bien accrochée mais glissa tout de même de plusieurs mètres vers la poupe. Elle réussit à attraper un cordage, et à se hisser jusqu’à une ouverture de retraite, elle s’y engouffra et rejoignit sa cabine.
Ce voyage n'augurait rien de bon. Elle qui avait eut l’habitude d’un confort familiale omniprésent pendant tant d’années, se retrouvait aujourd’hui perdu au milieu d’un océan sur une coquille s’apprêtant à être submergée. C’était pourtant son choix que d’être ici, c’est elle qui, pour une fois, avait choisi de guider son propre chemin.
Gaelle se laissa balancer par le rythme de la houle. Son estomac finissait par accepter l’épreuve qui lui était réservé. La jeune femme était fatiguée de ce trop long voyage, mais elle savait qu’il touchait à sa fin. Bientôt, elle foulerait le sol britannique et pourrait rejoindre Londres.
Elle se remémora son histoire, et songea, avec ironie, à la petite enfant qu’elle avait été. C’était en même temps si loin et si proche d’elle aujourd’hui. Elle ne ressemblait plus à cette adolescente dont la destinée avait été vainement dessinée par les siens.
Plutôt que d’affronter cette vie qu’on lui imposait, elle avait préféré partir, afin de vivre sa propre histoire. Elle avait tout abandonné : ses études prometteuses de biologie à l'Université du Maine, son travail de serveuse en extra au karting-bowling du Speed Park les week-ends, son petit copain Anthony aussi macho que peu délicat et manquant totalement d'attention pour sa douce et tendre, ses dimanches matins en famille pour remonter le moral d'une mère dépressive au mari dont la santé défaillait d'année en année...
Gaelle se fit songeuse. Son regard était désormais perdu dans le vague. Elle s'interrogeait sur cette rencontre mystérieuse et cette invitation vers le Royaume-Uni, vers Londres, vers les Templiers. Elle n'avait soufflé mot à personne de son départ. Un peu comme si elle n'avait pas vraiment cru elle-même qu'elle partait pour ne jamais revenir. Elle ne s'était d'ailleurs jamais posé la question jusqu'à présent. En y pensant, Gaelle sentit des larmes monter à ses yeux.
Éreintée, la jeune femme parvint à rejoindre sa couchette en luttant contre le balancement toujours aussi vigoureux du navire, puis s'enroula dans les draps. Après quelques minutes à contempler un plafond blanc sur lequel se dessinaient des ombres dansantes, Gaelle finit par fermer les yeux d'épuisement.
* * *
Au petit matin, la mer s’était calmée. Petit brise fraîche et ciel dégagé annonçaient une journée tranquille et agréable. S’étirant dans un long gémissement en prenant son premier bain de soleil depuis longtemps, Gaelle s'avança sur le pont.
Une mouette poussa un cri de bienvenu et la guida jusqu’à la rambarde, Gaelle s’y accouda. Là, au loin, une petite île dépassait de l’horizon et masquait partiellement, par ses falaises de craie et de silex noir, la côte anglaise. Gaelle se redressa comme pour mieux voir les premières terres britanniques.
– Portsmouth, murmura-t-elle.