Un nouveau client

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Un air de musique classique flottait dans le large bureau... [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
La journée, aussi maussade que le temps et mon humeur, avait cédé la place à une soirée froide, pluvieuse, futile et inutile… une invitation à la déprime. Le café chaud mais fade n’arrivait pas à me faire décrocher du regard les fines ridules de pluie s’étirant sur les vitres du salon : haillons pendant et s’effilant depuis le ciel noir au dessus de la capitale…

La pluie, la longue pluie battante, avec ses longs fils gris...

Mon regard se posa finalement sur la bureau où trônait cet article de [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] à côté de l'enveloppe que m'avait remis ma visiteuse de la veille.

Cette histoire avec Athina prenait un tour juridique qui s'annonçait pénible et que dire de cette étrange invitation à me rendre à Londres... ? J'avalais nerveusement une de mes petites pilules avec un grand verre de vin... et prenais une décision : Il était grand temps de passer à l'action et de faire appel à des gens discrets et efficaces pour obtenir les réponses que l'on ne pouvait obtenir par les voies classiques... Je repensais à cette agence devant laquelle j'étais passé durant l'après midi. Basée au croisement du Boulevard Saint Michel et de la Rue de l’Abbé de l’Epée, la publicité disait "sécurité" mais pour qui savait lire entre les lignes, on devinait que les agents d'Ordre et Vigilance avait plusieurs cordes à leur arc.

Dès le lendemain, je décrochais le téléphone et demandais un rendez-vous.

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[Paris - Lundi 2 Juillet 2012 : 9h00]

Le soleil levant peignait les nuages de rubans pourpres et rubis. Du haut de mon bureau en plein centre-ville, je contemplais le spectacle du ciel et éprouvais en cet instant précis ce sentiment étrange du passage du temps... Une nouvelle journée commençait. Derrière, la porte s'ouvrit et une femme entra dans la pièce, elle avança sur l’épaisse moquette, marchant plus silencieusement et plus gracieusement qu’un chat. Elle traversa le bureau puis se positionna à mes côtés, regardant à son tour longuement le ciel par la fenêtre.

« Ciel rouge le matin, mauvais présage pour le marin » dit-elle au bout d’un moment.

«Un dicton plein de sagesse », répondis-je, en inclinant la tête pour regarder vers elle. Une demi-tête de plus que moi, finement musclée, ses yeux noirs et ténébreux me renvoyant mon propre regard. Elle me fit un sourire à la fois avenant et froid… Parfois, sa présence me mettait mal à l’aise.

Pas aujourd’hui…. Elle fit un haussement d'épaules. «Juste un truc que j'ai entendu dire quand j’étais gamine... Cela signifie qu’une tempête va venir… »

« Probablement » répondis-je. Déjà, les tons de rouge brillants s'estompaient, comme un signal d'alarme réduit au silence, ne laissant que l'avertissement et emportant la beauté.

«Voici mon rapport sur Ordre & Vigilance… tout ce qu’on peut trouver sur internet et j’ai aussi appelé quelques contacts» répondit-elle, pragmatique, la loyale secrétaire reprenant le dessus ou peut-être ne voyait-elle plus la poésie fragile de ce lever de soleil fugace.

Je soupirais. « Dis-moi. »

Tout en marchant dans le bureau, la jolie secrétaire lisait le dossier : « Ordre & Vigilance : un groupe de sécurité composé d’une équipe administrative et d’opérateurs de terrain. Le moins que l’on puisse dire c’est qu’ils font dans la prestation de qualité : surveillance et gardiennage, sécurité incendie, protection de sites, rondes, interventions sur alarmes, mise à disposition et maintenance de moyens techniques, conseils et audit de sécurité. Leur CV est impeccable et d’après quelques sources ce sont des pros !»

« Tu penses qu’ils peuvent m’aider… ?»

«Pour qui sait lire entre les lignes oui. Ils réussiront !» dit-elle, confiante.

«Il vaudrait mieux. » dis-je. « Nous avons déjà laissé passer une pièce de la collection, alors qu’elle pourrait être en notre possession… Athina n’a pas manqué son coup avec ses nouveaux alliés.»

« Appelez ces gens de chez Ordre & Vigilance »… Après un instant, elle rajouta « je ferai mon rapport lorsque les choses auront évolué ». Elle me salua et quitta la salle. Enfin seul, je me retournais pour regarder en arrière et contempler le ciel nuageux, celui-ci était gris et morne… il pleuvait, toute beauté avait disparu. Je finissais mon café en avalant une petite pilule miracle puis soudainement, je décrochais le téléphone et composais le numéro d’Ordre et Vigilance...

Invité

Il n'est que 9h et le téléphone sonne déjà... Marion venait à peine d'ouvrir les locaux qu'il fallait s’affairer à un tas de choses. Elle espérait passer quelques jours au calme en l'absence des patrons et de la grande majorité des effectifs, officiellement encore en séminaire, ce fut loupé.

Elle marqua une hésitation pour prendre un long souffle et offrir un sourire à travers le téléphone, d'une douce voix sucrée, elle répondit enfin :

Ordre & Vigilance, Marion à votre service, que puis-je pour vous?

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[Paris - Jeudi 5 Juillet 2012 - Matinée]

Bois de Boulogne dans le dos, la voiture roulait à présent tranquillement en direction du Trocadéro alors que la radio jouait un vieux standard de Sinatra. [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

«… Les feux rouges des ponts s'éteignaient dans la Seine,
Les étoiles mouraient le jour naissait à peine» murmurais-je.

« Celui-ci est de Guillaume Apollinaire…Vendémiaire peut-être ? » dit le chauffeur.

Je ne répondis pas, esquissant juste un sourire… J’étais décidément bien étrangement entouré : une secrétaire athlétique et un chauffeur lettré ! Je regardais s’étirer et défiler les rues par la vitre alors que nous passions devant le Palais Chaillot. Trois jours plus tôt, après un bref échange téléphonique avec l’hôtesse d'accueil, j’avais pris un rendez-vous dans la matinée avec les responsables d’Ordre et Vigilance
pour un entretient particulier.

Nous avancions bon train en direction du pont de l’Alma puis sur l’esplanade des bords de Seine tandis que je me demandais encore comment une société de protection allait pouvoir démêler mon imbroglio familial. « Appelez-les je vous dis» m’avait martelé ma secrétaire « j’ai l’intuition que c’est la bonne piste».

Assemblée Nationale direction Saint-Germain-des-Prés puis le Quartier Latin.

« Vivre en bonne société, collégialement, moralement et studieusement. » marmonnais-je encore alors que nous passions rue de Vaugirard.

« Celle-là ne me dit rien… A tout hasard, Montesquieu peut-être ? L’esprit des lois ?» dit le chauffeur, dubitatif…

«Non, il s'agit la devise de la Sorbonne mon ami… J’y ai étudié et j’ai toujours aimé cette devise. Elle guide encore mes pas aujourd’hui.»

« Nous sommes arrivés Monsieur. »

Belle vue sur le Jardin du Luxembourg, les locaux de ce groupe était plaisantrien que de par ce fait. Je passais une première porte d'entrée vitrée opaque m’ouvrant un champ de vision sur une grande salle d'attente et observait l’hôtesse en talon aiguille et tailleur strict à l’accueil.Lorsque celle-ci m’invita à patienter, je lui annonçais que j’avais rendez-vous et lui tendais une carte de visite.

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[Vendredi 6 Juillet ; Londres en soirée]

Après un premier contact pris dans les bureaux d’O&V de Paris, les détails administratifs du dossier avaient été réglés. Puis, pour discuter de l’affaire, nous nous étions donnés rendez-vous avec les Directeurs Hugo de Varennes et Markus Anderson, à Londres, ce Vendredi 6 Juillet à l’occasion d’un Gala de Charité donné en faveur des enfants les plus démunis de la capitale Britannique.

Vu du trottoir, peu avant 21h30 devant ce club très en vue, de nombreuses personnes attendaient l’ouverture des portes en tenues chics. De dehors, le Tabula Rasa présentait les charmes désuets d'un dancing ordinaire avec sa façade de music-hall et son accueil tranquille malgré le service de sécurité mis en place.

L’intérieur était une autre histoire : décor New-Age et musique psyché. Après avoir écouté la rétro’pop’star Orichalk faire son discours de bienvenue, j’envoyais Tabatha, ma secrétaire, faire une donation généreuse, au nom de la Fondation, à l’association caritative des Enfants de la Rue. En revenant Tab’ me fit remarquer la présence d’Hugo et de Markus.

Petit à petit le club allait devenir, au fil de la soirée, l'antichambre du délire avec son lot d’excités par l’abus l’alcool ou de quelques autres substances illicites. Prenant le choix de prendre du recul sur l’agitation ambiante, nous nous retrouvions dans un salon privé pour que je leur explique mon affaire.

« Mr Onassis, nous avons lu votre dossier » commença Markus Anderson. « La question est que pouvons-nous faire pour vous ? » enchaina Hugo de Varennes.

Leur tendant une [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien], je me présentais en déroulant rapidement mon curriculum vitae: héritier du célèbre et sulfureux armateur Grec Aristote Onassis, à la tête de la Fondation Magellan, créée à ma naissance, pour administrer ma fortune, le but de cette fondation est aujourd'hui de « Redécouvrir la sagesse perdue des anciens et de protéger l’humanité» en sponsorisant de nombreuses expéditions de recherches archéologiques, divers projets de recherche et par la pratique du mécénat artistique.

Puis je leur tendis une [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]et leur indiquais que je me retrouvais aujourd’hui sous la menace de ma nièce Athina Onassis et quelques uns de ses proches….

Markus saisi du coin de l’œil le geste discret que je faisais du bout de l’index, négligemment, tout en parlant, sur la table, dessinant un triangle et un point en son centre… Il regarda discrètement Hugo mais celui-ci sembla éluder ou remettre à plus tard ce point.

Je continuais en leur expliquant qu’Athina, ma « nièce » avait hérité de l’autre partie de la fortune de mon père et qu’elle cherchait à récupérer ce qu’elle estime être « la partie manquante de son héritage qui aurait dut aussi lui être léguée mais que j’aurai détourné par imposture ». J’en appelais donc, dans un premier temps, aux services d’O&V pour mettre en place un service de sécurité sur ma personne et mes biens.

Markus et Hugo échangèrent un rapide regard tout en discutant à voix basses, l’affaire était entendue moyennant une large somme : "Dès cet instant, vos divers biens et vous-même êtes officiellement sous la protection d’Ordre & Vigilance" conclu Hugo.

Ils me demandèrent alors de passer à la seconde partie de ma demande…

Je consultais rapidement un message sur mon blackberry et m’agitais sur mon fauteuil visiblement plus embarrassé quand Tabatha vint m’offrir un répit en nous amenant quelques boissons. J’avalais mon soda light en même temps qu’une de mes petites pilules miracles.

« Dans une lettre conditionnant mon héritage et l’utilisation de ma fortune, je me suis vue confié la tache de rassembler une collection de tableaux pour le moins mystérieux. Ma mère… a été tué pour ces tableaux qui tuent ou pour lesquels on tue ! Si ma nièce tient tellement à contester la validité de mon héritage, ce n’est pas pour l’argent dont elle ne manque pas mais pour récupérer l’un de ses tableaux qui est en ma possession pour legs. Je sais qu’elle en possède un elle-même et je sais aussi que si elle fait tout cela ce n’est pas juste de son propre grès : elle est poussée, soutenue et aidée par ses alliées… les Illuminatis ! »

J’observais avec attention la réaction de mes interlocuteurs. Tabatha m’avaient assuré qu’ils n’étaient pas liés ou sous le joug de cette faction occulte mais on était jamais trop prudent lorsqu’on lâche un mot comme celui-là. Après m’avoir écouté avec attention, Hugo et Markus ne semblèrent, pour leur part, pas surpris par ma dernière phrase mais me firent signe de rester discret… II est vrai que même la musique de la salle d’à côté semblait avoir diminué d’un cran.

"Nous allons revenir vers vous Mr Onassis" me dirent-ils. "Vous êtes entre de bonnes mains. Quant à cette seconde affaire dont vous venez de nous entretenir, nous en reparlerons mais… pas ici. L’un de nos agents vous recontactera, en attendant faites nous passer un dossier sur cette affaire à nos bureaux de Londres".

Nous nous quittâmes quelques instants plus tard…

Je repassais dans mon appartement de Londres et me débarrassais de mon costume et de cette chemise hors de prix pour enfiler un tout autre costume : Jean noir, tee-shirt de geek, long manteau et lunette-miroir… Avec cette casquette vissait sur la tête, il était à présent difficile de reconnaitre Crythias Onassis, le milliardaire adepte du Grand Tour. Celui-ci s’effaçait à présent sous les traits de Prométhée, Agent des Templiers.

Je tapais un code pour ouvrir le coffre du salon et saisissais l’ouvrage occulte qui s’y trouvait.

Durant la rencontre avec Markus et Hugo, le Chapitre de Londres m’avait envoyé un message codé pour me signaler des problèmes à Kingmouth, Nouvelle Angleterre. Tabatha était déjà en bas à m’attendre dans la voiture… Mes histoires d’héritage devrait attendre, il y’avait une Guerre Secrète à mener !